Les Saints Ermites de la tradition des moines de forêt sont appelés Phra Siwali (Pra Siwalee).
On prête aux plus expérimentés de ces moines toutes sortes de pouvoirs magiques
et les amulettes qui les représentent sont assez nombreuses et recherchées.
Un moine Phra Siwali, rencontré sur le bord d'une route dans le sud de la Thaïlande.
Agé de 65 ans environ, ce Vénérable était à plus de 1200 kilomètres de son point de départ,
et vivait des offrandes des fidèles, dormant de ci de là dans la forêt.
Il m'a dit vivre ainsi 9 mois par ans depuis 10 ans et rentrer dans son monastère de Chiang Mai seulement pendant la retraite de la saison des pluies.
Le Très Vénérable Phra Ajarn Chah (1918-1992).
L'un des Maîtres contemporains les plus célèbres de cette tradition est le Très Vénérable
Phra Ajarn Chah du Wat Nong Pah Pong (sur le site web de ce Temple une biographie détaillée de ce Maitre, en anglais). Il est à noter que le Très Vénérable Phra Ajarn Chah se moquait bien des histoires de "pouvoirs magiques" et n'a jamais fabriqué aucune amulette. Une anecdote assez célèbre raconte qu'un jour un disciple de Phra Ajarn Chah est venu lui demander une amulette pour se protéger contre les balles car il partait à l'armée.
Après avoir tout d'abord refusé en lui disant qu'il ne faisait vraiment aucune amulette
et ne croyait pas à ce genre d'histoire, devant l'insistance de son disciple, Phra Ajarn Chah
finit par lui dire de prendre le gros Bouddha en bronze qui se trouvait dans le Temple
et de se cacher derrière si on lui tirai dessus. PROTECTION ASSUREE aurait dit
Phra Ajarn Chah avant de se mettre à rire.
Médaille bénie par Phra Ajarn Fan, au dos on voit les attributs des Ermites Phra Siwali :
bol, théière et parasol...
Autre moine célèbre dans la tradition des moines de forêt :
Le Très Vénérable Luang Phor Khao Analayo (1888 - 1983).
Le Très Vénérable Luang Phor Khao Analayo était un Maitre de méditation
et un disciple de la lignée du Très Vénérable
Luang Phor Mun Buridhatta. Avant de devenir moine son nom était Khao Korratha.
Il est né dans une famille de paysans le 28 décembre 1888 dans le village de Ban Bo Cha Nang dans la province de Ubon Ratchathani. Dans sa jeunesse il a étudié au Wat Bo Cha Nang jusqu'a savoir lireet écrire. Il s'est marié et a eu 7 enfants.
En 1919 il eu des soucis avec sa famille et décida de devenir moine au Wat Bo Cha Nang.
Il étudia alors le Pali et pratiqua la méditation solitaire de manière intensive.
En 1933, désirant bénéficier des conseils d'un Maître renommé, il se rendit dans le nord de la Thaïlande et y rencontra le Très Vénérable LP Mun Buridhatta. Il fut admis dans le groupe de ses disciples et deumeura avec eux à méditer dans la jungle durant de nombreuses années, puis en 1945 il retourna au Wat Bo Cha Nang.
En 1958 il parti pour s'établir au Wat Tham Klong (Udhon Thani), un monastère de forêt
très reculé et primitif. Il en devint l'Abbé et le resta jusqu'à sa mort à l'âge de 95 ans en 1983.
Luang Phor Khao Analayo à la fin des années 50.
La maison de bois du Très Vénérable Luang Phor Khao à son arrivée au Wat Tham Klong.
L'intérieur de la maison du Très Vénérable Luang Phor Khao.
Les maisons des moines sont de nos jours encore très similaires
à celle que Luang Phor Khao a pu habiter dans les années 1950.
La cuisine collective des moines du Wat Tham Klong est elle aussi "rustique".
Le mausolé de marbre blanc où sont conservées les reliques de LP Kao
Je me demande bien ce que Luang Phor Khao aurai pensé d'un tel monument alors même
que les moines du Wat Tham Klong vivent dans des conditions plus que précaires.
Les reliques du corps du Très Vénérable Luang Phor Khao (os et cheveux).
Dans ces quatres petites vitrines sont exposés l'intégralité des objets qui appartenaient à
LP Kao au moment de sa mort (y compris son dentier, ses sandales, une bobine de fil
pour réparer sa tenue de moine et un pot émaillé pour faire pipi).
C'est vraiment impressionnant de voir un tel détachement
et le peu de choses qu'il possédait après presque 100 ans sur terre.
Et vous, combien de vitrines vous faudrait il ?
Votre webmaster dans la grotte-temple du Wat Tham Klong.
Photo prise dans le mausolé de LP Kao...incompréhensible...
car ce que j'ai voulu prendre en photo c'est un panneau informatif !
Une antique pierre sculptée d'un Phra Siwali est exposée dans le Temple.
Les fidèles font une petite prière avant de poser une question et d'essayer de la soulever à bout de bras : si la réponse est oui ils y arrivent, sinon la pierre est impossible à soulever !
L'une des petites grottes où Ajarn Mun a médité durant ses voyages dans la jungle.
Après la crémation du Très Vénérable LP Mun, des cristaux-reliques translucides
ont été découverts dans les cendres, signe infaillible de sa haute réalisation spirituelle.
C'est dans cet humble monument que les reliques de LP Mun sont conservées.
Le Très Vénérable LP Kui dans les années 80, sur cette photo
il porte les attributs d'un Phra Siwali (canne, parasol, bouilloire...).
Le Vénérable Phra Banyat Rodtoom est le seul moine que je connaisse
qui fabrique des amulettes à l'éffigie de cet aspect rare de Phra Siwali
(le Bouddha en retraite dans la forêt, portant un bol de miel !)
Par extension certains types de pierres sacrées provenant de grottes
où séjournent parfois ces moines sont également appelées HinPhra Siwali.
Cette pierre Phra Siwali est exposée chez ma marchande de minéraux sacrés.
Cette dame me certifie avoir cette pierre depuis environ 25 ans
et l'avoir vue grandir au cour des années.
Au début la pierre faisait environ la taile d'un noyau d'avocat, elle pèse maintenant plusieurs kilo et fait la taille d'un gros melon, elle a d'ailleur pris la forme de son présentoir
au cour de sa croissance! Pour obtenir une telle croissance,
il convient d'être très sérieux dans sa pratique du Dharma,
d'avoir foi dans les Ermites Phra Siwali et d'arroser chaque jour
la pierre avant de la recouvrir d'un tissu.
Lors de leurs longs séjours dans la jungle lors des retraites Thudong,
certains moines Phra Siwali fabriquent des objets sacrés en bois ou en pierre.
Ici une feuille d'arbre du Bouddha Bae Ton Po, sculptée dans un pierre grise
qui ressemble à de l'ardoise.
Au gré de mes lectures sur internet j'ai découvert un fort bon site francophone
sur la tradition des moines de forêt, je les ai contacté en leur demandant la permission de mettre un lien vers leur site à partir de cette page en les félicitant de la qualité de leur travail
de traduction sur cette tradition, voici leur réponse (sans commentaire) :
Nous vous remercions pour l'intérêt porté à notre site, ainsi que pour cette demande d'autorisation préalable. Nous sommes cependant au regret de vous dire que nous
ne pouvons souscrire à votre demande. En voici la raison : la « Tradition de la Forêt »
de Thaïlande n'a jamais cautionné la croyance dans le pouvoir supposé des amulettes
et autres colifichets religieux. Bien au contraire, l'Ordre Dhammayut, branche du bouddhisme thaïlandais à laquelle est rattachée la Tradition de la Forêt, s'est constituée,
au début du XIXem siècle, pour lutter contre les dérives du bouddhisme thailandais
de l'époque. La Tradition de la Forêt entend s'opposer à toutes dérives magiques et superstitieuses d'un « néo-bouddhisme » dévoyé de l'enseignement originel.
Nous vous joignons les premières pages de « Manuel pour l'Humanité » de Buddhadasa Bhikkhu (dont vous pourrez trouver l'intégralité sur notre site), afin que vous puissiez lire
ce que Buddhadasa (maître reconnu du renouveau bouddhiste en Thaïlande)
dit de ces croyances superstitieuses.
Comprenez bien qu'inviter les visiteurs de votre site à venir approfondir leur connaissance des enseignements des Maîtres de la Forêts serait les inciter à se détourner
de votre activité commerciale.
Nous ne sommes pas sans connaître l'énorme business existant, en Thaïlande,
autour des amulettes et autres objets de superstition ; veuillez croire que nous le déplorons.